Les origines de l’autisme dès la gestation : une nouvelle perspective

Publié le 2 juin 2025
MAJ le 12 juin 2025

Découvrez comment les récentes études explorent le lien entre le développement précoce et les traits autistiques, ouvrant ainsi une voie fascinante vers la compréhension de cette particularité neurologique.

Le microbiote maternel sous la loupe de la science

Illustration du lien entre microbiote et développement cérébral

Ces dernières années, notre flore intestinale – ce monde microscopique qui habite nos intestins – est passée du statut de simple acteur digestif à celui de superstar de la recherche. On lui reconnaît aujourd’hui une influence majeure sur notre santé, bien au-delà de la digestion : système immunitaire, humeur, et même… le développement cérébral du fœtus !

Une étude américaine parue dans le Journal of Immunology vient jeter un éclairage nouveau sur ce sujet fascinant. Les scientifiques de l’université de Virginie ont mis en évidence une corrélation intrigante entre la composition du microbiote intestinal maternel et les risques de troubles neurodéveloppementaux chez l’enfant.

Le Dr John Lukens, principal auteur de l’étude, précise : « Notre flore intestinale module le développement cérébral par divers mécanismes, notamment en influençant la réponse immunitaire du fœtus face aux agressions extérieures. »

L’IL-17a, cette molécule qui intrigue les chercheurs

Représentation moléculaire de l'IL-17a

L’équipe s’est particulièrement intéressée à l’interleukine-17a (IL-17a), une molécule connue pour son implication dans les phénomènes inflammatoires. Si son rôle dans des pathologies comme le psoriasis était déjà établi, son impact potentiel sur le développement fœtal ouvre un nouveau champ d’investigation.

Pour tester cette hypothèse, les chercheurs ont comparé deux groupes de souris gestantes : certaines présentaient un microbiote favorisant la production d’IL-17a, d’autres non. Les observations sont parlantes : les petits nés de mères avec un microbiote pro-inflammatoire ont développé des comportements évoquant les troubles du spectre autistique, comme des difficultés d’interaction sociale ou des stéréotypies.

La transplantation fécale confirme le lien

L’expérience a été poussée plus loin avec une transplantation de microbiote fécal entre les deux groupes de rongeurs. Résultat ? Les souriceaux issus des mères ayant reçu le microbiote « à risque » ont reproduit les mêmes particularités comportementales.

Fait marquant : lorsque les scientifiques bloquaient artificiellement l’IL-17a durant la gestation, les troubles disparaissaient chez les nouveau-nés, indépendamment du microbiote maternel. Ces découvertes suggèrent donc que notre flore intestinale influence bien le développement cérébral in utero, via des mécanismes encore mystérieux.

Des résultats encourageants mais à prendre avec prudence

Développement cérébral du fœtus

Attention cependant à ne pas tirer de conclusions hâtives : ces travaux concernent exclusivement des modèles animaux. Le Dr Lukens lui-même souligne que l’IL-17a ne représente probablement qu’un élément parmi d’autres dans cette mécanique complexe.

Les prochaines étapes ? Vérifier si ces observations se confirment chez l’humain et identifier les souches bactériennes spécifiquement impliquées. Une piste prometteuse pour mieux comprendre l’origine de certains troubles neurodéveloppementaux.

Conseils pratiques pour les futures mamans

Ces recherches rappellent l’importance cruciale d’entretenir son microbiote, idéalement avant même la conception. Au menu : une alimentation colorée et riche en fibres (fruits, légumes, céréales complètes), des aliments fermentés naturels (yaourt, kombucha, choucroute) et une bonne gestion du stress.

Parce qu’en réalité, chouchouter son microbiote, c’est aussi préparer le terrain pour son futur enfant. Une belle manière de commencer son aventure maternelle du bon pied !